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Conjoncture Les céréaliers prêts à répondre aux besoins mondiaux croissants

Les céréaliers français, favorisés par l'explosion des prix du blé et du maïs, sont prêts à répondre aux besoins mondiaux croissants, aussi bien alimentaires qu'en matière de biocarburants, à condition que l'Europe confirme sa proposition d'abandonner la mise en jachère.

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"On ne pensait pas que les prix-- avec un record historique de 300 euros la tonne pour le blé tendre-- monteraient aussi vite et aussi haut", reconnaît auprès de l'AFP Philippe Pinta, président de l'association générale des producteurs de blé, lors du congrès des producteurs de céréales et d'oléagineux qui se tient jusqu'à jeudi à Tours. Une seule explication selon le président de l'AGPB: "au cours des 10 dernières années, la consommation mondiale de blé a été pendant 8 ans supérieure à la production". Or, tous les clignotants pour l'avenir sont "au rouge" -- appétit croissant des pays émergents (Chine et Inde notamment), sécheresse en Océanie et montée en puissance des biocarburants -- laissant présager une persistance des cours élevés, et des hausses des prix alimentaires pour les consommateurs.

Le département américain de l'Agriculture (USDA) a en effet révisé une nouvelle fois, à la baisse, le 12 septembre, la production mondiale de blé à 606,2 millions de tonnes pour la campagne 2007/08 (juillet/juin), à cause de conditions climatiques défavorables en Australie, au Canada et dans l'Union Européenne, et les stocks mondiaux à 112,36 Mt, "soit le niveau le plus bas depuis 1973/74". La France devrait récolter 31,7 Mt de blé cette année, soit 5% de moins qu'en 2006/07 (33,3 Mt), selon le ministère de l'Agriculture. "Notre objectif est de produire plus, en améliorant notamment la productivité, et mieux", affirme M. Pinta. D'autant que l'Europe, longtemps adepte des quotas, amorce un changement de stratégie.

La commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel a ainsi plaidé vendredi dernier pour une suppression définitive de l'obligation de mise en jachère de 10% des terres céréalières et une suppression des quotas laitiers dans l'UE. Bruxelles avait déjà proposé de supprimer cette obligation de gel des terres pour les semis de l'automne 2007 et du printemps 2008, afin que les agriculteurs puissent réagir à la baisse de production mondiale qui a entraîné en partie l'envolée des prix. La suppression de la mise en jachère pour un an va être soumise aux ministres de l'Agriculture des 27 qui devraient l'adopter fin septembre ou en octobre, aucun pays membre n'ayant manifesté d'opposition. "Grâce à cela, nous allons pouvoir produire dès 2008 l'équivalent de 1,5 million de tonnes supplémentaires de blé avec 200.000 hectares qui vont être remis en culture", se félicite M. Pinta.

Sur les 1,1 million d'hectares de céréales et d'oléagineux qui avaient été mis d'autorité en sommeil, 400.000 ont déjà retrouvé vie grâce aux besoins des usines pour les biocaburants et 380.000 sont "gelés" par la nouvelle obligation de laisser en herbe les bords des cours d'eaux. Restent 320.000 hectares, dont 200.000 vont être à nouveau cultivés. Le solde est difficile à remettre en production, notamment pour les petites parcelles. Le congrès des producteurs de céréales et d'oléagineux doit être clôturé jeudi après-midi par le ministre français de l'Agriculture, Michel Barnier.

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